PRÉFACE IX est; c’est, conformément aux traditions anciennes et à la loi du moindre effort, vers les régions slaves ou à demi-slaves, c’est-à-dire vers les terres où 1 invasion teutonique et la germanisation semblent rencontrer le moins de résistance, parce qu’elles ne s’y heurtent pas à des nations étrangères organisées en Etats indépendants. Ainsi en a-t-il été durant dix siècles; toute l’Allemagne orientale, à partir du bassin de l’Elbe, n’est qu’une conquête, un long empiétement du germanisme sur les tribus slaves ou lithuaniennes, dont il 11e demeure plus que des noms ou des débris épars, comme les Wendes de la Lusace. Mais le Drang, la poussée germanique séculaire«-11e rencontre plus vers le nord-est les mêmes facilités qu’autrefois. Le Slave n’est plus, pour l’Alle-mand, la docile « matière ethnique » qui se laisserait dénationaliser et assimiler. En Prusse même, le Polonais défend son individualité nationale ; sur le Niémen et la Vistule, l’Empire russe barre la voie à l’expansion germanique, encore que le barrage russe fût plus solide, si pour le fortifier, la Russie avait joint les forces morales aux forces matérielles ; si, au lieu de froisser les sentiments nationaux et religieux de ses sujets de Pologne, de Lithuanie, des provinces baltiques, le gouvernement du tsar avait su conquérir leurs sympathies.