LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS 237 Depuis, des flots sanguinaires la ballottent au pied de nos montagnes. Le Turc maudit a suspendu au ciel serbe les signes étrangers, la lune avec l’étoile. Il a ravi la liberté de notre peuple de braves. Il est honteux d’accepter une couronne des mains de l’étranger. Ce serait un diadème d’opprobre et de déshonneur. Fais plutôt étinceler les rayons de la liberté serbe, A. la pointe de ton glaive relire la couronne du roi Lazare des flots sanguinaires, et pose la sur ton front altier Comme elle t’embellira, Stanko! Ce diadème-là pourra, moi aussi, me séduire. Comme avec enthousiasme, en enfer comme au paradis, je serai toujours avec toi ta fidèle Danitsa... Nous conserverons tout ce (jui nous est sacré. Nous serons le mauvais génie de la Turquie. Elle se brisera contre nos monts. Nons tendrons à nos voisins nos bras fraternels. Nous les aiderons dans leur malheur. Notre devise sacrée sera éternellement : les maux des frères par leurs frères pansés! Tout cela n’est pas simplement le divertissement d’une imagination poétique : «Le matin, quand je m’éveille me disait à Gettigné le voiévode Vouko-vitcli, ministre des affaires étrangères — j hésite à ouvrir ma fenêtre. J’ai peur de voir la frontière toute proche. Je voudrais pouvoir la pousser. » Le prince Nicolas et son ministre ont sans doute pensé plus d’une fois à Victor Emmanuel II et à Gavour, qui ont fait du petit Piémont le royaume <1 Italie. Ils s’appuient sur les Russes, comme autrefois la maison de Savoie sur l’empire français. Les Monténégrins répondent à qui leur demande, en souriant, combien ils sont : « Avec les Russes, cent millions. » Ils se souviennent que le Tsar