L’AUTRICHE-HONGRIE ET L’EUROPE 161 doute de nature à faire réfléchir et à faire hésiter au moment décisif le gouvernement italien : — l’empire allemand a jeté son dévolu sur Trieste, dont le port est pour lui, au cas où il tenterait l’aventure méridionale, le débouché nécessaire dans les eaux méditerranéennes. L’Adriatique, sillonnée par les paquebots et les cuirassés de la d plus grande Allemagne », borderait-elle moins l’Italie « comme un fossé entoure une prison » que l’Adriatique dominée par la flotte austro-hongroise et accaparée par 1 e Llyod, YAdria, Y Hungaro~Croata et la Ragusea? Toutefois il est rare de trouver des Italiens qui consentent à regarder en face le danger allemand. Le signalent-ils? Trop souvent, ils se rassurent en bâtissant des châteaux en Espagne : Trieste — écrit M. Donato Sanrniniatelli — non plus autrichienne, mais allemande, voilà pour nous le plus grand malheur qui se puisse imaginer. Mais je ne m’effraierais nullement de voir se constituer sur l’autre rive de l’Adriatique un État jougo-slave de quelques millions d’habitants. Donnez aux Jougo-Slaves l’unité et 1 indépendance, ils ne seront pas nécessairement des satellites de la Russie. Ils seraient portés plutôt, dans I intérêt même de leur conservation, à s’appuyer sur l’Italie, au grand avantage de notre influence morale et de notre développement économique, dans la péninsule des Balkans, où l’Autriche s’est montrée jusqu’à ce jour notre seul et constant adversaire (I). (1) Cité par M. Charles Loxseîü, /'Équilibre adriatique, p. 231. Il