62 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION libres qu’ils ne seraient si l’Autriche n’existait pas. Ils cherchent à s’affranchir des Polonais; mais ils tiennent à rester sous l’abri habsbourgeois (1). Les Tchèques sont des indépendants. Le vieux sang hussite coule toujours dans leurs veines. Ils ont contre le Habsbourg des moments d’impatience et de colère. Mais ils savent bien que — avant-garde slave cernée presque de toutes parts par le gros des populations germaniques —ils sont trop peu nombreux pour ne pas être en danger, le jour où ils seraient isolés. Ils doivent continuer à faire partie d’un agrégat puissant. Tout ce qu’ils peuvent raisonnablement souhaiter, c’est d’arriver à s’y faire une place suffisante et à y jouer le rôle qui leur revient. Quand, chaque année, au début du mois d’août, des Tchèques mécontents demandent à leurs chefs de parti s’ils doivent, cette année encore, pavoiser pour la fête du roi non sacré : « Pavoisez et illuminez, répondent les chefs. Le Habsbourg finira bien par voir où sont ceux sur qui il peut compter. » Quand, en juin 190 l, François-Joseph vint à Prague, les mots d’ordre furent donnés — partout les mêmes — par les associations qui mènent, au (1) Politiquement, il existe trois partis : l’un cherche à s’entendre avec les Polonais ; un autre est avant tout préoccupé de questions sociales ; le troisième rêve de s’unir, non pas à la Kussie, mais à la seule Petite-Kussie !...