XVIII PRÉFACE Car la chute de l'Autriche-Hongrie ne renverserait pas seulement le précaire équilibre de l’Europe, mais aussi l’équilibre intérieur de l’Allemagne nouvelle. Le Hohenzollern risquerait de plier sous le poids des dépouilles du Habsbourg. La Prusse, qui règne sur l’Allemagne restreinte, serait en danger d’ètre submergée dans la grande Allemagne rêvée par les pangermanistes. [j’œuvre unitaire de Bismarck accomplie grâce à l’expulsion de l’Autriche pourrait être compromise par l’incorporation de l’Autriche. L’entrée de Vienne et des catholiques autrichiens dans le nouvel empire fédéral serait une menace pour la prépondérance de la Prusse et du Nord protestant. Les résultats de Sadowa se trouveraient de nouveau mis en question. L’Allemagne retomberait dans l’ancien dualisme, et, si elle ne se déchirait pas de nouveau en deux, elle subirait de nouveau moralement l’attraction de deux foyers rivaux, de deux pôles contraires. Son unité nationale en serait affaiblie comme son unité morale. L’annexion tyrannique des millions de Slaves — Tchèques, Slovènes ou Croates, ajoutés à ses millions de Polonais — lui ferait perdre en homogénéité et en liberté, comme en sécurité, ce qu’elle gagnerait en étendue. Aussi doutons-nous, avec M. René Henry, que des plans aussi périlleux pour l’avenir de son empire et de sa