202 LA THÉORIE DU PARTAGE presque nulle part entre elles des intérêts qui ne puissent être délimités. Dans le domaine universel du commerce et de l’industrie, l’Angleterre a plutôt à craindre la concurrence de l’Allemagne. Quant à la Russie et à l’Angleterre, c’est plutôtde loin qu’elles se semblent réciproquement dangereuses, parce qu’elles se connaissent peu l’une et l’autre. De près, le jour où les frontières des deux puissances seront mises en contact par une ligne traversant Hérat, et quand auront été établies, au moyen de ce chemin de fer, des relations de frontière, le brouillard des anciens malentendus et des appréhensions sera promptement dissipé, et le nœud gordien de la méfiance réciproque, qui gît maintenant dans le Pamir, sera tranché (1). Il serait enfin essentiel de paralyser en Extrême-Orient la cause de guerre qui menace, depuis que l’Angleterre s’est alliée au Japon et depuis que M. Delcassé a étendu la sphère d’action de l’alliance franco-russe (2). C’est un accord de ce genre — à but spécial et limité — que je conçois comme possible et nécessaire à brève échéance entre l’Angleterre et la double alliance au sujet de l’Autriche-Hongrie. Je crois que les Russes ne peuvent pas plus y trouver à redire que ceux des Français qui ne sont pas partisans d’une alliance anglaise. (1) Passage lu à la tribune de la Chambre des députés par M. De-i.ONCLE, J. off., séance de la Chambre des députés du 11 mars 1903, p. 1102, col. 1 et 2. (2) Voir la Liberté : Russie et France contre Japon et Angleterre (29 juillet 1903) et Y Alliance franco-russe et le bloc (15 août 1903).