20 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION geoisie, découragée, a abandonné la lutte (1). Us sont pourtant forts, parce qu’ils sont attachés à la terre. Beaucoup sont propriétaires et entendent le rester. Les Italiens (2) ne forment un groupe compact qne dans le Trentin, où ils sont 384,000. Trieste, dont la banlieue est toute slovène, est une ville presque entièrement italienne. Sur 170,000 habitants, la statistique officielle accuse 77 pour 100 d’italiens, 18 pour 100 de Slovènes et 5 pour 100 d’Allemands immigrés (3). (1) Depuis quelques mois, l’agitation roumaine recommence. (2) Voir d’intéressants articles publiés dans la Vita internationale de Milan par le sénateur Graziadio Ascoli : Italiani e Slavi ne lia Venezia Giulia. (20 février 1902); La Venezia Giulia. (5 avril 1902.) — Voir aussi les articles de M. Louis Jara y sur les nationalités en Autriche-Hongrie, publiés dans les Questions diplomatiques et coloniales des 15 juillet et 15 août 1902. (3) Trieste s’est librement donnée à l’Autriche en 1382, dans l’espoir d’être défendue contre Venise. Contrairement à ce que prétendent des savants allemands, notamment des professeurs de l’université de Gratz, elle n’a jamais été germanisée. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter, à la bibliothèque municipale, dans la salle qui fait suite à celle de Pétrarque, les procès-verbaux latins du conseil municipal de Trieste. J’ai feuilleté ces documents avec l’historien érudit et aimable qu’est le I)r Hortis, bibliothécaire et député de la ville. Les plus anciens remontent à 1421. On y trouve une pétition populaire en dialecte vénète. En 1520, les habitants de Trieste, soutenant un procès resté célèbre contre la Carniole, se plaignent au prince de ce que leurs adsersaires n’emploient que la langue allemande : cuni latini simuslinguam teutonicam nec scire, ncc loqui possumus. Au