8 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION On nous décrit une Autriche-Hongrie composée de territoires accolés, sans raison, les uns aux autres : — vaste tronçon de l’énorme bassin danubien ; bassins supérieurs de l’Elbe, de laVistule, du Dniestr et de l’Aluta ; sources de l’Oder et du Prut, fraction du système alpestre; partie est du système orographique de l’Allemagne ; système isolé des Rarpathes; plaine galicienne, qui n’est qu’un fragment de la plaine orientale de l’Europe, et puzia de Hongrie, qui est un monde à part; plateau de Bosnie, qui fait partie du système balkanique, et littoral adriatique tout entier tourné vers la mer. Sur ce territoire hétérogène habitent les peuples les plus divers (1). L’Autriche-Hongrie «n’estpoint (1) Je ne m’occupe pas ici de races, mais seulement de nations. M. Auerbach (les Races et les Nationalités en Autriche-Hongrie) et M. Fouillée (Esquisse psychologique des peuples européens, livre V, appendice I) ont utilisé les travaux allemands sur 1rs races en Autriche-Hongrie : ils ont cherché à distinguer Yhonw europœus, Vhomo alpinus et Yhomo mediterraneus ; ils ont tenu compte d’indices céplialiques et de couleurs de cheveux. 11 me semble que l’anthropologie n’est pas encore une science faite. Le fût-elle, c’est encore la nation et non la race qu’il faudrait considérer en politique. Chaque individu, quelle que soit la forme de son crâne, se rattache par son libre choix à la nation dont il se sent une parcelle vivante. C’est ce suffrage vraiment universel et organique des masses qui nous importe. C’est lui qui détermine les courants de fond qui finissent presque toujours par donner son orientation à l’histoire. C’est de lui que dépend, en fin de compte, le sort des empires.