330 QUESTION DE MACÉDOINE Le paysan macédonien affilié ne connaît guère le fonctionnement ni le but précis des comités. Un agent lui a remis un fusil qu’il cache précieusement. Il sait qu’il doit à tel signal s’en servir de telle façon, et que ce sera le plus sûr moyen de satisfaire enfin sa haine pour ce régime hamidien contre lequel, eu attendant, il accumule silencieusement les griefs. II connaît les noms de Sarafof, de Deltchef, qu’il confond un peu avec les héros de ses chères vieilles légendes. Et c’est tout. Mais, au-dessus de lui, s’étend — ou s’étendait— une trame serrée et complexe de comités. Les uns ont leur centre d’action dans la principauté ; les autres, en Macédoine même. On n’a longtemps parlé que des premiers. Les comités locaux, constitués dans chaque ville de la principauté, surtout par les Macédoniens immigrés, se sont fédérés, vers 1890, en un « haut comité macédo-andrinopolitain (1) ». En 1895, une première incursion fut faite en Turquie par Boris Sarafof, alors tout jeune lieutenant de l’armée bulgare. Il occupa pendant un jour la petite ville de Miélnik. Le haut comité semble ne pas être responsable de cette escapade hardie. Les Macédoniens, qui n’étaient nullement préparés à le soutenir, ne bougèrent pas. (1) Les comités prétendent étendre leur action au vilayet d’An-drinople — bien qu’il n’y existe qu’une minorité bulgare — à cause, notamment, des prétentions de l’exarque sur plusieurs diocèses.