240 LES NATIONS C H RETIENNES DES BALKANS enfermé dans l’intérieur des terres, et virtuellement enclavé par l’Autriche-Hongrie : La Serbie est prisonnière. L’Autriche la tient par son chemin de fer hongrois et par les chemins de fer sud-orientaux qui occupent les deux voies de sortie : sur le Bosphore et sur Salonique. La Serbie a pour principaux produits des porcs et des prunes. Or, lorsque l’Autriche veut réduire à sa merci le gouvernement de Belgrade, elle déclare que le cochon serbe est atteint du rouget ou de toute autre épizootie : l’exportation est arrêtée par une bonne police sanitaire. Du côté de la Turquie, le chemin de fer aggrave ses tarifs et rend les transports ruineux. Le cochon, qui ne sort plus, mange alors les prunes: un produit consomme ¡’autre, et le paysan serbe meurt de faim. La Serbie qui est, avec la Suisse, le seul pays d’Europe privé de côtes, a des voisins impitoyables. Elle ne sortira de son esclavage économique que le jour où elle aura un débouché sur une mer quelconque (1). Ce besoin de débouchés la force à agir encore quand la foi patriotique qui la soutint à ses origines vient à fléchir. Elle fut à demi affranchie au début du dix-neuvième siècle par Georges le Noir, Karageorge, puis par Michel Obrénovitch — fondateurs des deux dynasties qui devaient alterner sur le trône en une guirlande sanglante. Le traité de Berlin la constitua en royaume indépendant. Elle fut, en même temps, agrandie de la région de Nich — toute sa partie méridionale (1) M. Georges Gàulis, Pages libres, op. cit., p. 98.