180 LA THÉORIE DU PARTAGE En second lieu, il faut à tout prix éviter de blesser gravement l’Autriche-Hongrie en suivant sans réserve et sans prudence la politique dite de rapprochement franco-italien. Or, on n’entend plus seulement par là une sage et pacifique politique d’apaisement et de rétablissement des bonnes relations entre les deux nations voisines : c’était chose à peu près faite dès 1898. On ne se contente même plus de parler d’une collaboration dont, pour la France, je n’aperçois pas bien jusqu’à présent les avantages (1). Des publicistes— comme M. Charles Loiseau — nous poussent à intervenir dans les querelles orientales, de l’Autriche-Hon-grie et de l’Italie, et à prendre parti contre l’Autriche. Un interview de M. Delcassé publié en janvier 1902 par le Giornale d’Iialia, et malheureusement démenti trop tardivement, a donné un moment à cette politique un caractère quasi officiel. M. Karel Kramar m’écrivait, pendant l’été de 1902 : L’Autriche cesserait d’être une grande puissance si l’Italie devenait maîtresse de l’Adriatique en se fixant sur les côtes d’Albanie. Si la France et la Russie soutenaient cette politique... l’Autriche n’aurait plus qu’à se lier intimement et pour toujours avec l’Allemagne... afin de pouvoir garder aussi longtemps que possible sa (1) Voir le livre de M. René Pinon : l'Empire de la Méditerranée (Perrin).