160 LA THÉORIE Dü PARTAGE l’italie On peut dire que l’Italie est prête à partager avec l’Allemagne les dépouilles de l’Autriche. On peut ajouter qu’elle serait heureuse de trouver dans le « rapprochement franco-italien » un motif et un moyen de se montrer exigeante. Elle semble être en voie d’obtenir de l’empire allemand des conditions douanières plus favorables que si elle ne flirtait pas avec le gouvernement français. C’est là un jeu qu’il peut être habile de recommencer. Le cri Viva Germania! Viva Italia ! No Austria! fait vibrer tous les cœurs irrédentistes (l). Mais il existe de graves raisons qui seraient sans (1) Dans la Tribuna du 5 mars 1901, M. Robert Bracco raconte l’histoire suivante arrivée à un Allemand dans un café de Vienne. 11 s’efforcait par tous les moyens de persuader à des étudiants italiens qu’il était leur ami. Il n’y arrivait pas et les Italiens le prenaient pour un policier. Tout à coup, il trouva le mot qui va aller au cœur des jeunes irrédentistes : « S’apercevant que ses démonstrations ne convainquaient personne, il voulut nous donner une preuve suprême de la pureté, et même jusqu’à un certain point, de la solidarité de ses sentiments. Alors, jetant son chapeau en l’air, avec force contorsions, il s’écria : Viva Germania ! Viva Italia! No Austria!... On put se croire à la fin du monde. Les hurlements d’enthousiasme faisaient trembler les murs. Les bouteilles lançaient des projectiles et de la mousse scintillante. Toutes les chansons s’étaient fondues en une seule. Vingt bras avaient enlevé le petit homme ivre et le portaient en triomphe. *> (Cité par M. Charles Loiseaü, /’Équilibre adriatique, p. 84).