L’AUTRICHE-HONG FiIE ET L’EUROPE 185 nightly Review, l’écrivain anglais qui signe Calchas (I), — et de notre côté on peut dire sans exagérer que rien n’a manqué... Si ses sujets l’avaient voulu, le Kaiser aurait pu prendre les mains des deux nations, et les unir sur le cercueil de la reine Victoria... Au moment où l’empereur rendait un tendre hommage à la reine morte, il ne s’agissait pas d’être raisonnables. Nos coeurs bondissaient vers lui... Les dernières traces d’un vieux télégramme étaient effacées. Quoi qu’il arrive dans l’avenir, celui qui est pour les Anglais Yemperor William ne pourra jamais perdre tout à fait rattachement qu’a pour lui cette patrie de sa mère, qui, si les deux empires devaient passer par une période aiguë, le regarderait encore avec une tragique affection. Pour que la visite du Kaiser ait un résultat politique, l’Angleterre avait fait sa part d’avances. Mais du côté du peuple allemand ce ne fut pas seulement de l’abstention. Ce fut un refus direct et passionné : ce qu’on nomme furor teulonicus, sous son aspect le plus sauvage... Le refus fut réfléchi et grave. L’Angleterre est libre de reviser les rapports anglo-allemands... Après ce dernier fait, qui complète une série de leçons successives, elle est plus disposée que jamais à s’y résoudre (2). L’empire allemand se libéra avec mauvaise foi des engagements pris en Chine. Il fit échouer, mal dissimulé derrière son ami turc, les projets anglais (1) Je suis en correspondance avec « Calchas », sans savoir qui il est. J’ai résumé dans les Annales des sciences politiques les articles qu’il avait publiés avant le 15 mars J903 contre une entente anglo-allemande pour un accord anglo-russe. Je crois pouvoir prendre ses écrits comme une des | lus exactes manifestations de l’esprit anglais actuel, dans ce qu’il a de plus ouvert, de mieux informé et de plus libre. (2) Fortnightly Hevieiv, avril 1900, p. 575 et suiv.