180 LA THÉORIE DU PARTAGE sur Kowet. L’affaire du Vénézuéla fut la dernière tentative germanophile du gouvernement anglais. Le Times, ce puissant organe de l’opinion britannique, prit parti contre l’Allemagne et publia les vers de Rudyard Kipling sur les pirates allemands. Dans l’affaire de Bagdad, le gouvernement anglais — mieux inspiré que le gouvernement français — a refusé d’aider les financiers qui voulaient fournir des capitaux à l’entreprise allemande à bout de ressources (1). Les deux peuples anglais et allemand ont pris nettement conscience de leurs intérêts contradictoires. Ils ont manifesté avec une violence croissante les sentiments de défiance, de jalousie et de haine qu’ils ont maintenant l’un pour l’autre. Ils ont entraîné leurs gouvernements. Les causes profondes du désaccord anglo-allemand sont telles que l’Angleterre, enfin informée et avertie, parait ne vouloir tolérer à aucun prix l'établissement de l’empire allemand à Trieste — c’est-à-dire, non seulement son irruption dans la Méditerranée, mais surtout le développement fantastique de sa puissance. L’Angleterre a la « puissance maritime » (2) et (1) Voir l’article de M. Jean Imbart de la Tour : Le chemin de fer de Bagdad et l'opinion anglaise, dans les Questions diplomatiques et coloniales, 15 mai 1903. (2) J’emploie ici l’expression de puissance maritime dans le même sens que le capitaine Mahan dans son livre : Influence de la puissance maritime dans l'histoire. Cette expression s’applique « non seulement à la force militaire flottante qui fait la loi sur