92 LE DANGER ALLEMAND grande Allemagne, telle que la rêvait Schwarzenberg, pouvait et devait être constituée; seulement l’Autriche ne devait, à son sens, y exercer qu’une primauté d’honneur; son rôle effectif consisterait à représenter et à rendre prépondérante l’influence germanique au dehors, à lui soumettre les pays slaves, l’Italie, surtout l’Orient; quant à l’Allemagne proprement dite, elle se grouperait par le libre accord de ses princes autour de la Prusse, accepterait son hégémonie, formerait avec elle une sorte de Zollverein politique et militaire (1). C’est dans le même sens que Bismarck disait : Nous devons considérer l’Autriche-IIongrie comme une pièce de l’échiquier européen. C’est pour la même raison qu’en 1866 il s’opposa si énergiquement et si désespérément aux projets du roi et de l’état-major. Ils voulaient tirer de leur victoire des avantages immédiats et territoriaux : ils tenaient à annexer la Bohême de langue allemande. Bismarck ne voulait pas qu’ils missent « entre l’Autriche et lui l’irréparable. Il les en prie, il le leur crie, et, désespérant de les persuader, il se roule sur son lit, dans les larmes (2) ». Il l’emporte. L’Autriche est expulsée d’Allemagne. Mais la Prusse ne s’est pas irrémédiablement aliéné l’Autriche. Il travaille aussitôt (3) à (1) M. DkmdOUR, Histoire diplomatique de l'Europe, tome II, P. 31. (2J M. Charles Benoist, le Prince de Bismarck, psychologie de l'homme fort, p. 93. (3) « Dès 1867, M. de Bismarck faisait proposer à l’Autriche