184 LA THÉORIE DU PARTAGE l’auberge « Stadt von Athen » , le jour même de la mort de Bismarck, d’anciens étudiants venus des quatre coins de l’Empire m’invitaient avec insistance à boire à l’entente franco-allemande contre les pirates anglais. Depuis, l’empire allemand et le gouvernement anglais ont conclu, à propos des affaires de Cbine, la convention, encore mystérieuse, partiellement notifiée aux puissances en octobre 1900. L’empereur Guillaume a envoyé son second télégramme au président Krüger ( 1). Le mois de janvier 1901 a été décisif : le peuple anglais et les deux gouvernements étaient d’accord pour collaborer; le peuple allemand a tout fait écbouer : La visite du Kaiser fut un moment psychologique dans les rapports des deux États, écrit — dans la Fort- (1) En novembre 1900, à peine le président Krüger était-il sorti de France qu’il reçut — alors qu’il était en route pour Berlin — la dépêche suivante : « Sa Majesté regrette que les dispositions déjà prises l’empêchent de recevoir en ce moment ( jetzt) la visite du président Krüger. » Le président, renvoyé aux calendes allemandes par ce mot sans franchise jetzt, vit s’évanouir l’espoir qu’il conservait encore de former contre l’Angleterre une coalition continentale, probablement pacifique. Guillaume II n’était plus Siegfried; il n’était plus Lohengrin. Il montrait une autre personnalité : celle qui protège le sultan rouge, celle qui abandonne les alliés après les avoir poussés à leur perte. Il n’avait cherché en pays boer qu’un profit colonial. Il y renonça dans l’espoir d’un bénéfice plus considérable : l’alliance anglaise. On sait aujourd’hui qu’il a lâché ce qui pouvait être la proie pour ce qui paraît bien n'être qu’une ombre.