PRÉFACE v ou vieux, tous les peuples qui lui doivent leur existence ou leur unité, tous ceux qui attendent de lui leur résurrection, l’invoquent à la fois, les uns pour recouvrer la vie ou la liberté, les autres pour accroître leur puissance et reculer leurs frontières. Dans la vaste région qui s’étend delaMoldau ou des sources de l’Elbe au Rhodope et au Pinde et des Alpes du Tvrol au golfe de Finlande et à la nier Noire, en Autriche-Hongrie, en Russie, en Turquie vingt peuples rivaux, vastes empires ou minces royaumes, puissantes nations avides d’hégémonie, humbles nationalités qui s’obstinent à ne pas mourir, en appellent simultanément à l’histoire, à la géographie, à l’anthropologie, à la linguistique pour défendre leurs droits ou justifier leurs ambitions. Que sera toute cette confuse moitié de l’Europe; que sera le large bassin du Danube ; que seront 1 Autriche-Hongrie et la péninsule balkanique dans un siècle, dans un demi-siècle ? Que seront-ils seulement dans vingt ans, dans quinze ans, dans dix ans? C’est là une question dont aucun Français, dont aucun Européen ne saurait se désintéresser, car les changements qui peuvent se produire, des Alpes au Bosphore, dans la configuration des Etats du centre ou de l est de l’Europe, auraient leur répercussion sur toutes les