LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS 255 un terrible pamphlétaire. Créature de Stamboulof, il est regardé comme le dépositaire de sa doctrine. Le ministère Pétrof-Petkof a, en effet, remis en honneur— telles que les avait systématisées Stamboulof— les théories des anciens révolutionnaires bulgares, qui furent les élèves de Quinet et de Michelet, et qui, vérs 1860, rapportèrent des universités russes la haine de la « sainte Russie « de Katkof. D’après les stamboulovistes, la Russie est l’ennemie de l’indépendance bulgare. La Bulgarie ne doit pas la mêler à sa vie nationale. Elle doit se débrouiller toute seule avec l’empire ottoman. Il faut, si possible, s’entendre avec la Turquie Sinon, lui en imposer en étant forts et téméraires. Au besoin, il n’y aurait pas à reculer devant un conflit à l’issue duquel l’Europe ne consentirait jamais à l’anéantissement de la principauté de Bulgarie. Déjà, en 1867, un comité révolutionnaire bulgare, qui avait son siège à Bucarest, rêvait d’établir en Turquie d’Europe un régime dualiste. Il proposa au sultan de se faire sacrer kalife des Turcs et roi des Bulgares. La politique d’entente avec la Turquie a admirablement réussi en 1885. Après le coup d’Etat de Philippopoli, la Bulgarie voulait s’annexer la Rou-mélie orientale. Mais les ambassadeurs des grandes puissances, délibérant à Constantinople, prétendaient s’y opposer et invoquaient le traité de Ber-