126 L’ÉVOLUTION POSSIBLE affaires est considérable, sont tournées vers l’ouest. La pensée d’un retour en Allemagne — plus précisément dans l’Allemagne du Sud — qui fut la grande idée du comte de Beust (1), disciple de Met-ternich et de Schwarzenberg, lui survécut. Beau- (i) Voir : Trois quarts de siècle, Mémoires du comte de Beust, ancien chancelier d’Autriche-Hongrie (traduction Koiin-Abrest; Louis Westhausser, éditeur), passim et notamment, t. II, chap, xxxix, les Eclations avec VAllemagne après le commencement de la querre (1870) : le chancelier indique, au moment où elle va devenir pratiquement impossible et où elle va être peu à peu remplacée par la politique dite de 1’« itinéraire forcé », ce qu’était la politique qu’il appelait «des mains libres ». L*Autriche-Hongrie soutenait la thèse suivante : la paix de Prague (1866) avait constitué « l’Allemagne du Sud en lui donnant une existence internationale indépendante; or, si cette constitution n’avait eu d’autre valeur que celle d’un accord entre la Prusse et les États du Sud, elle n’aurait pas trouvé place dans un traité entre l’Autriche et la Prusse, pour autant qu’elle n’aurait pas été une assurance pour la première de ces puissances, et n’aurait pas établi son droit d’opposition éventuelle. Cette considération inattaquable en droit, et qui, suivant les circonstances, aurait troùvé son application, n’a jamais été abandonnée par l’Autriche, jusqu’au moment où la formation de l’empire germanique lui enleva sa portée pratique » (p. 437). Au moment où fat déclarée la guerre franco-allemande, le Wurtemberg et la liesse étaient d’accord avec M. de Beust. La Bavière entrait en pourparlers. Deux systèmes pouvaient être déduits de cette théorie: ou l’alliance franco-autrichienne, qui était dans l’air et sur laquelle on comptait à Paris, ou l’intervention du Habsbourg — après le passage du Rhin par les Français! — comme protecteur des Allemands du Sud : « le moment était peut-être venu de reprendre pied en Allemagne en intervenant et en disant: « Halte! à l’envahisseur » (p. 439). D’où les « préparatifs de guerre restreints adoptés en conseil des ministres et soutenus parle comte xAndrassy précisément en vue d’une telle éventualité ».