CONCLUSION 353 jusqu’à présent d’utiliser au profit de leur politique réaliste et plus modeste. Ce jour-là, une Europe consciente de ses intérêts et résolue pourra permettre à l’Autriche-Hongrie — puissance nécessaire à l’Europe comme nécessaire à ses peuples — de se libérer sans danger. Les nations jougo-slaves doivent être mises à l’abri des causes de destruction qui les menacent, et placées dans des conditions telles qu’elles puissent se développer et se préparer pour l’avenir. Mais il ne faut point songer à les voir se fédérer prochainement en un grand Etat fédéral balkanique. Trop de causes de division et trop de haines les séparent. Elles léseraient, en s’unissant, non seulement la puissance turque, que défendent avec l’Allemagne de puissants groupements financiers, mais aussi la puissance habsbourgeoise. Elles poseraient au sud cette néfaste « question d’Autriche » que les pangermanistes prétendent poser au nord. Of, l’Autriche-Hongrie est la seule barrière suffisamment solide qui puisse, au début du vingtième siècle, se dresser entravers du Drang et arrêter les ambitions allemandes, le jour où elles deviendraient menaçantes pour l’équilibre européen. Déjà, les projets douaniers allemands ont attiré l’attention de l’Autriche-Hongrie comme de la Russie. Un conflit russo-allemand, qui grandit en Asie occidentale, démontre à la Russie que le Drang allemand est dangereux pour elle. •23