50 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION posés à aller aussi loin? C’est ce que les faits actuels ne permettent pas de prévoir, et c’est ce que se demandent avec un certain scepticisme ceux qui connaissent le caractère paisible et indépendant et les sentiments prussophobes des Viennois et des Allemands des Alpes. On peut toujours leur appliquer ce que M. Lavisse écrivait de l’Allemagne du Sud avant que la prussification eût fait autant de progrès qu’aujourd’hui : En aucun pays on n’est heureux à moins de frais que dans celui-là. Une réunion de camarades ou d’associés d’un Verein quelconque, une fête de famille, de cabaret ou de village, un verre de bière, quelques tours de danse, un chœur chanté sur les routes y sont des provisions de bonheur tranquille. Nul ne s’y surmène, ni à la ville, ni à la campagne. Nul ne brusque la vie. Point d’âpreté au travail ; une humeur ouverte à la joie de vivre et qui produit le Gemiith, cette bonhomie des gens satisfaits de leur sort. Tout le monde aime ses aises et les prend. Sich bequem maclien, se mettre à son aise, est une coutume nationale. Sans doute, il existe en Autriche-I longrie un danger pangermanique. Mais il ne faut pas plus en exagérer l’importance qu’en nier l’existence. En tout cas, deux partis allemands — sans compter les grands propriétaires (1) — luttent (1) Trente représentants de la grande propriété allemande siègent au Reiclurathel y vivent en assez lionne intelligence avec le parti libéral allemand ; niais ne sont, pour la plupart, pas suspects d entente avec les pangermanistes.