DE L’AUTRICHE-HONGRIE 145 appui moral. La Pologne a ainsi successivement lutté contre chacun des trois copartageants. L’Autriche s’est fait pardonner l’annexion de_ la république de Cracovie et la lutte qu’elle a soutenue autrefois contre la schlachia. Le Habsbourg a une bienveillante prédilection pour ses sujets polonais qui lui témoignent des sentiments de respectueuse affection (1). La Russie — qui détient la plus grande partie du royaume de Pologne (2) — fut plus longtemps considérée comme l’ennemie irréconciliable. Les hommes d’État de Berlin ont pu jusqu’à ces derniers temps menacer le tsar de jouer la carte polonaise. Mais Nicolas II recevant au château de Skiernewice, près de Varsovie, une délégation de la noblesse polonaise conduite par le prince Mathias Radziwil, a dit : « Polonais, je me trouve bien parmi vous; c’est avec bonheur que je reviendrai souvent. » Le tsar a demandé qu’on fasse chanter devant lui en polonais des enfants des écoles. L’œuvre de réconciliation du prince Iméri- (1) Voir, comme manifestation de l’état d’esprit de la schlachta, la très carieuse brochure anonyme : la Pologne et les Habsbourg (Pion, 1880). (2) Les Russes ont annexé, en plus de la région polonaise dont Varsovie est le centre, des régions jadis incorporées dans le royaume républicain de Pologne : Lithuanie, pays des Cosaques zaporogues, etc. Les Polonais sont, comme les Magyars, une nation impériale. Il y a la Pologne de l’histoire et il y a la Pologne ethnique, la seconde singulièrement plus petite que la première. 10