LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS 265 ploitation dont on ne voudrait tirer des ressources que pendant un temps. S’appuyant sur les deux pactes hongro-croates — nacjoda constitutionnelle et nagoda financière (1), — il fit fonctionner les systèmes d’impôts comme une sorte de pompe aspirante dont l’eau se déversait en bonne partie sur le royaume de Hongrie. Le budget ne fut plus l’arrosoir bienfaisant de la comparaison classique. La Croatie, privée de ressources, se dessécha comme une plante privée d’eau. En dépit de toutes les façades constitutionnelles, le ban exerça le pouvoir d’un despote oriental. Il démontra, par l’usage qu’il en fit, la vanité de cette constitution de 1868, qui au temps de ses prédécesseurs, les bans Majoranitch et Peïatché-vitch, paraissait garantir de sérieuses libertés au royaume de Croatie. Tout le pays fut, par lui, avili et opprimé au profit des Magyars. Gomme le dit le proverbe de là-bas : « Le poisson pourrit par la tête. » Au début de juin, l’état de siège était proclamé dans trois districts. Trois mille personnes étaient (1) La nagoda financière, conclue pour une période de dix ans seulement, au bout de laquelle elle doit être renouvelée, ne doit pas être confondue avec la nagoda constitutionnelle, qui est perpétuelle. Chacune d’elles est un accord par lequel sont réglées les affaires communes aux royaumes de Hongrie et de Croatie. Actuellement, la nagoda financière arrivée à expiration n’a pu être renouvelée : les délégations hongroise et croate chargées d’élaborer le nouveau projet ne peuvent pas s’entendre.