2(iO LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS Les Serbes s’aperçoivent enfin que la politique turcophile ne leur procure que de bien minces avantages et les rend suspects aux Macédoniens. Ils redoutent moins les réformes politiques depuis que les chefs du mouvement macédonien ont déclaré à satiété, et, on peut le dire, démontré, qu’ils ne travaillent point à l’annexion de leur pays à la Bulgarie, mais bien à l’établissement d’une autonomie durable. Enfin et surtout, l’armée serbe sent qu’elle est déshonorée par l’ignoble drame du konak. En Russie, les officiers serbes, récemment encore si sympathiquement accueillis, ont été hués. En France, si bien des causes empêchent l’opinion publique de se passionner pour les Macédoniens, une des principales est que les derniers événements dé Serbie ont discrédité les Slaves du Sud. D’autre part, le roi Pierre Ier sent que son trône n’est pas bien solide; que l’armée est divisée en coteries, dont une complote contre lui (I). Le roi et l’armée voient dans la guerre un moyen de se réhabiliter. Le peuple les encourage de plus en plus dans (I) Il est juste d’ajouter qu’en 1876, lors de l’insurrection bosniaque, 1‘ierre Kara¡>éorgóvitch s’était fait chef de bande. — De plus, il a annoncé que, dans le royaume de Serbie, la nation aurait désormais voix au chapitre; or, on sait dans quel sens la majorité de la nation, c’est-à-dire le parti radical, inclinera la politique du roi.