L’AUTRICHE-HOINGRIE ET L’EUROPE 177 enfin respirer. Elle serait libre de renoncer aux armements qui la ruinent (1). » Au contraire, si l’empire austro-hongrois était brisé, la France serait en danger : Et l’Europe? — écrivait en 1899 M. Charles Benoist. Il n’y aurait plus d’Europe. Le continent qui s’est appelé de ce nom serait coupé en deux par le milieu : une Allemagne, une Russie. Ases extrémités et commeen marge, quelques États de deuxième, troisième ou quatrième rang, des Élats qui n’auraient plus de rang, qui traîneraient misérablement une existence précaire et tolérée, et sur laquelle un des deux colosses n’aurait qu’à s’abattre pour les écraser, les broyer, les mêler à la poussière des nations déjà disparues. Or, si le colosse russe regarde vers l’Orient et tomberait vraisemblablement en Asie, vers quoi regarde le colosse allemand, et où tomberait-il? Il n’est point de compensation pour tout ce qui eu Europe n’est point l’Allemagne ou la Russie, supposé que l’on en offre ou que l’on en accorde — je dis qu’il n’en est absolument point qui vaille le prix dont elle serait payée, et puisse excuser la folie de courir un tel risque (2). Heureusement, nos alliés russes ne se sont pas engagés dans la voie anti-autrichienne. Il faut les soutenir dans leur sage et prudente politique aus-trophile : — « A l’inverse de Berlin, la France aurait tout à gagner à un rapprochement durable de 1 Autriche et de la Bussie. Certes, c’est là chose (1) La France, la Bussie et l'Europe, p. 80 et suiv. (2) V Europe sans Autriche. Revue des Deux-Mondes, i5 novembre 1899. 12