;S0 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION Les Polonais de Galicie sont tout autres : ils appartiennent à une nation qui, au milieu des plus effroyables cataclysmes, a toujours eu la pleine et vive conscience de son existence; leur organisation sociale et même nationale est aristocratique. Ils sont quatre millions dans la province de Galicie : à l’ouest, ils y forment un groupe homogène; à l’est, on ne les trouve guère que dans les villes et les châteaux. Deux cent trente mille Polonais vivent hors de Galicie, la plupart en Silésie, où ils sont en conflit avec les Tchèques et les Allemands — quelques-uns en Bukovine. La noblesse galicienne — la schlachta — est ardemment polonaise. Le clergé catholique, très influent, est aussi nationaliste que le clergé irlandais. Dans les Karpathes, Zakopane, jolie ville d’eaux aux étranges chalets de bois, devient chaque été, quand les Polonais de Posen et ceux du grand-duché de Varsovie se réunissent à ceux de Galicie, un centre de patriotisme tragique. La schlachta joue en Galicie un rôle analogue à celui que tient en Hongrie la noblesse magyare. Elle est impérieuse et dominatrice. Elle ne l’est pas seulement avec les paysans de ses domaines. Elle s’efforce de maintenir les Ruthènes sous la domination polonaise. Elle représente la nation à l’extérieur. Mais ses domaines, comme ceux de