266 LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS en prison. Le nombre des blessés était de quatre cents. On me nommait dix morts. Les troubles avaient commencé, au début de mai, au nord-est de Zagreb, à Krijevatz, petite ville assez proche de la frontière hongroise; la police avait interdit une réunion où l’on devait protester contre la nagoda financière. On en était venu aux mains. Peu après, il y avait eu, comme l’automne dernier, de sanglantes journées à Zagreb. Des bandes de paysans —aux amples vêtements de toile blanche, aux petits chapeaux de feutre noirs — armés de fourches et de faux, erraient dans les vallées de la Save et de la Drave. Ils rôdaient autour des châteaux des nobles magyarons. D’où l’aspect socialiste de ces troubles, dont la cause essentielle est nationale. Dans le Vellébitch, des bandes enlevaient, dans les passages les plus périlleux, les rails de l’unique voie qui relie Budapest à son seul débouché maritime : Fiume. Elles tentaient de couper de son port la capitale hongroise abhorrée. D’Autriche et de Hongrie, des régiments arrivaient, de semaine en semaine plus nombreux. Bon nombre de journaux croates—VObzor, YHervatski Radnili, la Sloboda, — étaient supprimés. L'Obzor venait de l’être au moment même où il allait fêter l’anniversaire peu banal de sa millième confiscation. Lorsque le comte Khuen Hedervary quitta enfin Zagreb. Tous les Slaves du royaume — race ré-