182 LA THÉORIE DU PARTAGE taie. Bismarck n’en arriva pas moins, en 1880, à faire accepter parle tsar un traité d’alliance valable pour dix ans, entre la Russie et l’Allemagne. Il put ainsi, pendant quelques années encore, s’appuyer sur la Bussie en même temps que sur l’Autriche. — Les hommes peuvent, pendant des années, lutter victorieusement contre la force des choses. La résistance des influences allemandes à Saint-Pétersbourg fut-elle assez énergique et assez longue ! — En un certain sens, elle se prolonge encore. Il ne faut d’ailleurs pas attacher trop d’importance au scepticisme qui règne actuellement dans les sphères officielles. Rappelez-vous ce qu’était, jusqu’en 1887, l’attitude de l’Elysée à l’égard de la Russie : Les vues du Président Grévy sur la politique étrangère de la France ne s’étaient guère modifiées. Quand Paul de Laboulaye était parti pour Saint-Pétersbourg, il avait demandé au chef du pouvoir exécutif : « N’avez-vous rien à faire dire à l’empereur? — Absolument rien; nous n’avons rien à en attendre. » Plus tard, on l’entendait dire : “ Vous n’aurez pas plus la Russie que vous n’avez eu l’Allemagne. Personne ne veut de nous, ni l’Angleterre, ni l’Italie, ni l’Autriche, et c’est tant mieux puisque nous n’avons besoin de personne... Si nous restons tranquillement chez nous, on ne viendra pas nous attaquer, n Le 1er décembre 1887, il donnait sa démission. Le 3, Carnot était élu président. Avec lui une autre orientation put prévaloir à l’Elysée (I). (1) M. Alfred Rambaud, Histoire de la Russie, p. 820.