LE DANGER ALLEMAND 103 nées en voie de conquérir un vaste marché. Tout au plus, des difficultés de tarifs de chemin de fer surgissent-elles de temps à autre, compliquées de ce fait que les deux réseaux autrichiens et hongrois sont indépendants l’un de l’autre (1). Si l’Autriche-Hongrie barrait les routes du Drang, l'Allemagne perdrait en partie un débouché qui lui est devenu, depuis des années, nécessaire : bien des marchandises ne pourraient que difficilement atteindre par voie d’eau certains marchés des Balkans. Alors, l’Allemagne considérerait peut-être que la situation est devenue intolérable et pourrait tenter d’en sortir par la force. Mais aucune barrière austro-hongroise n’a, jusqu’à présent, été interposée entre l’Allemagne et les Balkans. Bien plus — tandis que le système de Y union perpétuelle et du Zollverein de l'Europe centrale aurait l’avantage d’améliorer, par la suppression des derniers péages, les routes du Drang à travers l’Au-triche-Hongrie, et de donner à l’Allemagne la certitude qu’elles resteront libres — le système du Sonderstellung aurait ce très grave inconvénient d’entraîner la création à la frontière de Hongrie d’une barrière douanière qui pourrait être ou devenir presque prohibitive. Dans ce cas, l’acquisition de Trieste aurait pour triste conséquence la fermeture de la voie de terre vers l’Orient. L’Aile- (1) Voir : /’Allemagne vers VEst, op. cit., p. 63 et 64.