302 QUESTION DE MACÉDOINE parlait, tantôt de reconquérir les territoires perdus, et tantôt de courir sus à la population chrétienne de l’intérieur. La crainte du massacre planait sur les raïas et les poussait à bout (1). Au mois de décembre 1902, M. Georges Gaulis constatait que l’élément bulgare de Macédoiue était arrivé « au degré de lassitude et de révolte où un peuple perd toute notion de prudence (2) ». Dès le 1er novembre, M. Anatole Leroy-Beaulieu avait écrit : En Europe comme en Asie, le Sultan s’efforce de rétablir l’ordre par la terreur. Le pillage, le viol, le massacre sont ses instruments habituels de gouvernement dans la vallée du Vardar et de la Struma, aussi bien que sur les rives du lac de Van ou sur les bords escarpés du haut Euphrate. Les chrétiens de Macédoine, les Slaves surtout, se voient, à leur tour, menacés d’anéantissement (3). » Sous le régime d’Abd-ul-Hamid, l’État ottoman n’est pas seulement incapable d’ètre cet État rudimentaire qu’est l’État-gendarme. Il est un État-brigand. Il se prépare une fois de plus à être un État égorgeur. (1) «... Nombreux sont ceux qui n’attendent qu’un signe pour rendre au Sultan le service de le débarrasser des agitations en faisant, comme en Arménie. Ces dispositions de l’élément musulman ne sont peut-être pas le moindre danger de la situation actuelle. » Lettre de M. Steeg à M. Delcassé, 28 octobre 1902, Livre Jaune de 1902, p. 28. (2) Pages libres, op. cit., p. 91 (3) L'Européenf 1er novembre