234 LES NATIONS CII RETIENNES DES BALKANS par conséquent, les Turcs ne les reconnaissent pas comme nation. Au lieu de la dualité d’influence du patriarcat et du royaume, on trouvp chez eux l’action de deux États parfois rivaux, de deux centres de cristallisation distincts : la principauté de Monténégro et le royaume de Serbie. Le Monténégro semble à première vue trop petit pour pouvoir jouer un rôle balkanique et international vraiment sérieux. Il est vrai qu’il a été agrandi au traité de Berlin : il a alors annexé entre autres territoires les ports de Dulcigno et d’Anti-vari. Il n’est donc plus enfermé dans son massif montagneux, sans porte sur le dehors. Il n’est pas — à la différence de la Serbie — aiguillonné par le besoin d’un débouché maritime. Le prince Nicolas s’occupe de transformer, dans la riche plaine de Podgoritza, les méthodes agricoles. Il s’efforce de faire naître l'industrie. Ses montagnards dédaignent tout ce qui n’est pas la guerre et le maniement des armes; il emploie divers stratagèmes pour leur démontrer que les travaux manuels ne sont ni serviles ni honteux : on l’a vu forger sur la place publique. Mais pour lui, dans les Balkans, la paix n’est probablement qu’une trêve. Au lendemain de la guerre turque, ce prince saint-cyrien'—qui est aussi un prince-poète — lisait les vers suivants à Sélim bey, qui venait de défendre pendant