LE DANGER ALLEMAND 101 docks et des banques qui sont de véritables palais — si différents des bâtisses vite amorties que font construire la plupart de nos industriels français — est un symptôme de leur état d’esprit. Ils n’ont pas craint d’entreprendre des affaires multiples et d’attaquer tous les marchés , avec des moyens financiers restreints. Une affaire à peine en train en a subventionné une autre. Les affaires sont imbriquées. Les capitaux sont en trop grande partie sur le papier. Les capitaux de réserve manquent. Il y a surmenage. L’Allemagne tente d’accomplir un tour de force impossible : dépenser plus d’énergie qu’elle n’a pu en acquérir. Aux moments de crise, où il faut pouvoir vivre sur son propre fonds et attendre, elle est sans résistance : il lui faut vendre à bas prix çt faire flèche de tous bois. Le remède à un pareil état ne peut pas être la création de débouchés nouveaux, c’est-à-dire l’exagération d’un effort déjà hors de proportion avec la richesse allemande. Sans doute, pendant ces dernières années— quand le charbon restait sur le carreau des mines, quand les fers et les tissus ne s’écoulaient plus — des industriels allemands demandaient des débouchés nouveaux. Mais ils raisonnaient en empiriques. S’ils avaient été exaucés, ils auraient bien éprouvé un soulagement temporaire. Mais, à la première crise nouvelle, il eût été impossible à l’Allemagne épuisée, dont toutes les forces auraient été engagées au loin