I/AUTRICHE-IiONGRIE ET L’EUROPE 165 curées et grand tentateur. Il peut fort bien offrir à la Russie de s’installer — pendant qu’il prendra lui-même jusqu’à l’Adriatique — ailleurs et partout où elle a envie et besoin de s’étendre : en Asie, par exemple, depuis 1878, la politique asiatique russe a été constamment encouragée et soutenue de Berlin. D’autres disent : Constantinople russe sera le contrepoids de Trieste allemand. Enfin, parmi les Russes du parti qu’on nomme asiatique, il en est qui vont jusqu’à s’exclamer parfois : « Que nous importe ce que l’Allemagne fait en Europe? Nous sommes assez forts pour ne pas la craindre, même agrandie, et notre tâche actuelle n’est point une tâche européenne ! » On entend souvent ébaucher tous ces systèmes à Saint-Pétersbourg et à Moscou — deux villes où l’on cause de politique étrangère avec une hardiesse dont se font difficilement une idée les Occidentaux, convaincus que l’opinion publique est sans influence sur le gouvernement autocratique des tsars. Mais ces systèmes — d’ailleurs en contradiction avec d’autres aussi passionnément soutenus — résistent-ils à un examen sérieux? Que pourrait prendre la Russie en Autriche-Hongrie? Nous avons vu quelles sont les aspirations de ses voisins slaves — les Polonais et les Ruthènes — et des Tchèques limitrophes : ils demandent une autonomie de plus en plus grande. Us veulent conserver leur individualité. Les Russes