LE MOIS HISTORIQUE DE L'ITALIE (MAI 1915) 223 mobile est aussi loin du roi d’Italie qu’il l’était de son aïeul, simple roi de Sardaigne. Victor-Emma-nuel III est un prince consciencieux, réfléchi, modéré, incapable de se décider par d’autres raisons que celles de la sécurité, de l’intérêt et de l'honneur de l’Etat dont il est le chef. Et si, durant les journées de mai 1915, lorsque tout un peuple se tournait vers lui, recourait à son arbitrage suprême, si le roi a pris alors les décisions et prononcé les paroles qui annonçaient la guerre, c’est parce qu’il a su, — de même que le premier roi d'Italie, — comprendre les aspirations du pays et se faire l’interprète des sentiments qui, selon l’expression de Massimo d’Azeglio, se trouvaient dans le cœur et l’esprit de chacun. Ainsi le drame de conscience nationale qui s’est joué à Rome nous montre déjà ses deux protagonistes : le roi d’une part, le peuple de l’autre. Mais il a eu divers acteurs encore. Ces acteurs, nous allons les voir apparaître à mesure que se déroulera la tragédie qui s’est dénouée le 24 mai par la rupture solennelle avec l’Autriche. Le ministre des affaires étrangères que M. Sa-landra, en succédant à M. Giolitti, avait tenu à laisser en place, était mort, après une courte maladie, le 16 octobre 1914. C’était une personnalité très complexe, un peu mystérieuse, que celle