130 LA GUERRE ET L'ITALIE travers les extravagances très réelles de ces littérateurs e-t de ces peintres, on découvre une idée directrice, qui répond à un instinct profond delà nouvelle Italie. Leurs blasphèmes ont fait scandale et le scandale semble d’ailleurs être assez bien entré dans leurs calculs. Quand ils proclamaient la nécessité de secouer la servitude du passé, que faisaient-ils, pourtant, sinon d’exprimer avec outrance le sentiment que traduisait déjà Gioberti ? Les futuristes ont commencé leur réputation tapageuse en affirmant qu’il fallait, pour le bien de l’Italie, brûler ses musées et ses bibliothèques. Leur chef, leur théoricien, M. P.-T. Marinetti, a, un jour, « dédié au tremblement de terre les ruines de Rome ». Il a célébré le « triomphe grandissant de la Machine », la beauté des manufactures et des hauts-feurneaux, supérieure à celle des paysages classiques. Il a raillé Pégase et chanté l’aéroplane... Cette négation de l’art, cette révolte contre l’antiquité, qu’était-ce, au fond, sinon une image exagérée, déformée par la littérature, d’une des aspirations, d’une des ambitions les plus vives de l’Italie contemporaine qui a voulu, elle aussi, et à son tour, devenir une grande nation industrielle, qui voit avec orgueil fumer les cheminées de ses usines? Les « futuristes » ont été de violents contempteurs de