LA (JUERRE ËT L ITALIE vers 1860, et l’Italie était déjà une personne robuste, pleine d'avenir, qui n’aimait pas s’attarder dans les cimetières. Déjà l’Italie était « futuriste ». Ou peut dire qu’elle l’avait été, — toute exagération, tout parti pris d étonner le bourgeois, tout paradoxe mis à part, — à compter du moment où elle s’était définie comme nation. Bien avant que M. Marinetti et ses disciples eussent demandé, au scandale des artistes, que les canaux de Venise fussent comblés et qu’on en finît avec les gondoles, bien avant que M. d'Ànnunzio, dans un de ses discours de Rome, se fût écrié que l’Italie devait être autre chose qu'un décor pour voyages de noces, Gioberti, le doux, le mystique Gioberti avait écrit dans son Primato : « Que « faisons-nous de beau et de grand, nous autres « Italiens? Quelles sont nos prouesses? Où sont « nos flottes et nos colonies ? Quel rang occupent « nos envoyés dans les cours étrangères ? Quelle « force, quelle influence ont-ils? Quel poids s’a-« joute au nom italien dans la balance euro-« péenne? Les étrangers connaissent-ils notre « péninsule, la visitent-ils encore pour autre « chose que pour jouir de la beauté immuable « de son ciel et contempler ses ruines? Mais «. qui parle de gloire, de richesse et de puis-« sance? » Etc...