284 LA GUERRE ET L’ITALIE l’Italie et les Alliés, une différence sensible. Cette différence n’affecte nullement leurs rapports. Elle n’entrave pas l'œuvre commune. Mais on aurait tort de l’oublier. C’est un fait dont il. convient, comme de tous les faits, de tenir compte. Il peut, dans telle ou telle circonstance, impliquer un état d’esprit qui soit particulier au gouvernement et au peuple italiens. Nous avons essayé de montrer, au cours de ce livre, comment et dans quelle proportion se sont combinés l'idéalisme et le réalisme pour former la politique de l’Italie contemporaine. Mais cet idéalisme lui-même, nous lui avons trouvé un caractère dominant. Nous avons reconnu qu’il était surtout nationaliste. « Egoïsme sacré » : le mot fameux, le mot historique, qui avait fait naître tant d’hypothèses, et que M. Salandra avait prononcé au moment où l’orientation de l'Italie était encore incertaine, ce mot est l’expression profonde de la pensée italienne. L’égoïsme, quand il s’applique aux nations, devient un devoir et une vertu. Il se purifie. Ne s’agit-il pas du sort de millions d’hommes vivants, de millions et de millions d’hommes à naître? Cet égoïsme-là, les gouvernements qui nen ont pas le sentiment sont coupables, ils sont d’une dangereuse malfaisance. Les peuples qui le méconnaissent s’ex-