108 LA GUERRE ET L'ITALIE gouvernement sanctionné par l’électeur faisait abstraction de l’anticléricalisme, le passait sous silence au moment où, de son côté, la papauté levait le non expedit, autorisait, engageait presque les catholiques à se servir de leur bulletin de vote. Le suffrage universel avait compris qu’au moment où l’Italie se disposait à entrer dans une politique extérieure de grande envergure, l'intérêt lui commandait de s’associer l’influence et la force d’expansion du catholicisme. Dans cette nouvelle orientation de l’Italie, la part du calcul positif et réfléchi n’a pas échappé à plus d’un observateur français : M. François Deloncle, député radical, par exemple, ou M. André Tardieu, du Temps (I). (1) 11 y aurait tout un chapitre à écrire sur la grandeur et la décadence de la maçonnerie italienne. Les incidents qui témoignent d'une réaction contre l’influence maçonnique ont été nombreux en ces dernières années. Il nous suffira de rappeler le cas de M. Caméra, député, et de quelques-uns de ses collègues dont la mise en jugement fut demandée par les loges du rite écossais en raison de leur vote favorable à l’enseignement religieux dans les écoles. M. Giolitti fut alors accusé d’avoir fait naître à dessein des discussions dans la maçonnerie en soutenant des modérés, comme M. Fera, contre la fraction la plus avancée dirigée par le Dr Ballori, alors adjoint au maire radical de Rome, le Dr Nathan. La chute de la municipalité de M. Nathan et du « bloc » romain a d'ailleurs été un des épisodes les plus marquants de ce conflit .