14 LA GUERRE ET L’ITALIE bonheur, et presque tous les officiers portaient un gros bouquet que les dames leur avaient jeté des balcons. C’est la lune de miel en son plein et j’espère qu’elle sera la comète de miel (passez-moi le néologisme), et encore de celles à révolutions séculaires. » Ce mot curieux n’aura péché que parla modération et l’extrême prudence. Ce n’est pas en un siècle, comme le pensait Azeglio, c’est en moins de soixante années que la. « comète » de l’amitié franco-italienne aura accompli sa révolution. Durant le trajet de Paris à Milan, nous avions longuement pensé à cette espèce de prophétie. Quel voyage propice aux méditations, d’ailleurs ! Sans faire attention que nous allions, en passant par la Suisse, doubler les formalités de passeport, de visite et de douane, particulièrement minutieuses et sévères par ces temps troublés, nous avions pris le « raccourci » Frasne-Yallorbe, oeuvre de paix qui venait d’être inaugurée en pleine période guerrière. Le « raccourci » allait singulièrement allonger notre voyage, mais nous n’en avons pas eu de regret. Au sortir d’une France en armes, une France où campait encore l’ennemi, où toute la population mâle était sous les drapeaux, jusqu’à ces réservistes des vieilles classes territoriales, aux cheveux gris et à la