8 AVANT-PROPOS Pour l’Italie, nous n’a.urons jamais, je crois, de meilleure occasion de la connaître, car il est vrai que nous la connaissions très mal. Avec la France, les anciens malentendus sont dissipés. C’est dans une atmosphère de sympathie sans soupçon et sans mélange que vivent les deux pays depuis la rupture de la Triplice. Et puis, les Italiens n’ont pas joué de comédie. Ils ont montré le fond de leur âme. En se décidant à intervenir dans la guerre du même côté que nous, ils ont pris soin de faire remarquer que l’intérêt national de l’Italie était leur guide et « l’égoïsme sacré » leur point de départ. Cette formule fameuse a été lancée par M. Salandra, chef d’un des gouvernements les plus larges d’esprit et les plus honnêtes que l’Italie ait vus. C’est la base solide de la politique italienne, et pour l'accord des Alliés, la meilleure des garanties. Tous les jours qui se sont écoulés depuis que l’Italie a déclaré la guerre à l’Autriche ont rendu plus intime sa collaboration avec les puissances de l’Entente. Ce résultat n’eût pas pu être prévu avec autant de certitude si l’Italie n’était entrée dans la guerre que par obéissance à des affinités de race ou par un mouvement enthousiaste mais fragile d’altruisme et de désintéressement. On assure qu’au mois de mai dernier, un homme