90 LA GUERRE ET L'ITALIE font penser souvent à la renaissance félibréenne, à ce mouvement si fort, si original aussi, par lequel Frédéric Mistral, entouré de toute une école, a ressuscité sa Provence natale, en a remis les mœurs, le langage, les lettres en honneur, par lequel, en même temps, il a donné le jour à des conceptions nouvelles, fécondes pour la vie nationale, de régionalisme et de décentralisation. Poète épique, philologue, grammairien, Frédéric Mistral aura été en même temps, par le développement naturel de sa pensée, un des plus fertiles semeurs d’idées politiques de son temps. M. Maurice Barrés a pu observer avec raison que l’œuvre mistralienne avait une valeur universelle et que, loin d’être circonscrite au monde provençal, elle avait été vivifiante pour la France entière, qu’entreprise à Arles, elle avait eu son retentissement à Strasbourg. Ceux qui connaissent Mistral, le félibrige, le poème de la Comtesse (la Provence captive), dans les Iles d'or, ceux qui savent ce qu’a été l’école du félibrige, l'influence multiforme qu’elle a eue, qu’elle continue d’avoir, ceux-là n’ont qu’à se reporter à cet exemple pour se rendre compte de ce qu’aura été, dans une plus vaste sphère, étendue à toute une nation, l’alliance de la poésie italienne et du nationalisme italien. Passionné, hautain, orageux, Alfieri, étouffant