blî LA TRIPL1CE A LA QÜADRUPLE-ENTENTE 21a « trerait en campagne uniquement parce que son « intervention en Crimée a réussi, et à cause de « cette ancienne maxime de la maison de Savoie, « très accréditée encore aujourd’hui, que les « neutres sont généralement sacrifiés, et que la « paix se fait toujours à leurs dépens. » L’Italie, qui était restée neutre en 1870, est intervenue en 1915 et, dans les deux cas, ce sont bien des augures qu’elle aura fait mentir. Mais cette intervention ne s’est pas déterminée mécaniquement. Rien ne la rendait absolument nécessaire et elle n’est pas non plus venue toute seule. Il a fallu des volontés pour la produire. Il y a fallu aussi des événements que nous allons raconter et qui seront une grande date de la politique et de l’histoire italiennes (1). (1) La guerre européenne a mis tant d’éléments en jeu que son histoire complète sera bien difficile à écrire. Il en est de même pour l'histoire politique et diplomatique des mois qui ont immédiatement précédé le conflit. Ainsi, d’après un témoignage de premier ordre que nous avons recueilli, l’entrevue d Abbazia n’aurait pas été ce que le comte Berchtold et M. de Bethmann-IIollweg avaient voulu faire croire à l’Europe. Le marquis de San-Giuliano était parti d’Abbazia alarmé de la question serbe, convaincu de l’imminence d’une crise grave, et résolu par dessus .tout à éviter d’avoir à faire la guerre aux côtés de l’Autriche et contre l’Angleterre. Les tentatives d’enrôlement de ses alliés avaient mis le ministre italien sur ses gardes. Elles lui avaient inspiré de telles inquiétudes que l’effet contraire à celui qu’escomptait, son interlocuteur avait été produit. Ce n aura pas été la seule fois que la diplomatie austro-alllemande aura pris ses désirs pour des réalités.