QUIRINAL ET VATICAN 155 Avant de tomber sous les coups d’un assassin, Humbert Ier, qui avait déjà subi plusieurs attentats, avait coutume de dire que tel était le « ca-suel du métier ». Victor-Emmanuel III a été soumis, lui aussi, à ce risque professionnel qu’il affronte avec le môme courage tranquille. Au mois de mars 1912, comme il se rendait justement au Panthéon pour y saluer la tombe de son père, un anarchiste tirait deux coups de revolver sur le roi, blessant grièvement un officier de son escorte. Au milieu de la lièvre patriotique que venait d’allumer l’expédition de Tripolitaine, la tentative manquée de Dalba ne servit qu’à animer davantage le loyalisme italien. Cet anarchiste retardait sur son siècle. Il aura été, par excellence, Je régicide inactuel. Victor-Emmanuel III n’a pas la bonhomie de son père ni de son aïeul. On ne le voit pas, comme eux, se promener dans les rues de Turin ou de Rome familièrement salué par les passants. Studieux et peu communicatif, on a dit de lui que c'était un intellectuel sur le trône. Mais il possède au plus haut point les traditions de la maison de Savoie. Il sait à fond son métier de souverain constitutionnel, et nul n’ignore la part qu’il prend aux affaires de l'Etat. En politique, il a souvent passé pour donner ses préférences au