224 LA GUERRE ET L ITALIE du marquis de San Giuliano. Aujourd’hui, les Allemands aimeraient le faire passer pour un « tripliciste » convaincu et absolu. Ils déplorent à grand bruit sa disparition, et le comte Re-ventlow est allé jusqu’à écrire, en ces temps derniers, que les interventionnistes italiens n'avaient pas reculé devant les poisons des Rorgia pour supprimer le ministre qui faisait obstacle à la guerre contre l’Autriche. C’est le type des fables énormes que les Allemands, dans leur déception et leur délire, ne cessent d’inventer depuis un an, tant à l’usage de leur public qu’à l’usage des neutres. En réalité, le marquis de San Giuliano (qui a succombé, est-il besoin de le dire? à une crise d’urémie nettement caractérisée,) n’avait pas joui toujours de cette faveur ni de cette confiance de la part de l’Allemagne. H y a dix ans, la presse germanique l’attaquait violemment pour avoir délégué à la conférence d’Algésiras le marquis Visconti-Venosta, ce grand seigneur, toujours animé de sympathies pour la France, et qui vient de mourir au moment où s’accomplissait son idée. Le marquis Visconti-Yenosta devait, en effet, largement contribuer à retourner contre l’Allemagne la conférence si brutalement exigée par le gouvernement impérial. Il devait ébaucher là-bas une ligue de résistance euro-