LE MOIS HISTORIQUE DE L ITALIE (MAI 1915) 26î> immédiatement sensibles, de celles dont il faut se garder avec eux. Là-dessus, le sentiment des Italiens est unanime. « Le prince de Bülow, nous disait un ancien ambassadeur d’Italie, s’est attaché avant tout et presque uniquement à l’opinion de nombreux députés neutralistes, qui allaient répétant que la guerre était une grosse, une très grosse affaire. Les hésitations de ces hommes politiques lui étaient connues. Et le prince de Bülow venait leur suggérer ceci : « Ce que le patriotisme italien désire, je puis vous le procurer en vous dispensant de courir la fortune des armes. » Ce rôle, c’était celui de Méphistophélès : le prince de Bülow n’est pas allé plus loin. Il s’est arrêté à l’épiderme du pays, et il n'a pas senti la chair sous l’épiderme. Ce qui prouve que, s’il passe en Allemagne pour avoir de la finesse, il est dépourvu de véritable pénétration. Le prince de Bülow avait indiqué à l’Italie des combinaisons et des compensations possibles aux dépens d’autres Etats que l’Autriche. Il nous avait montré le chemin de Tunis, le chemin de l’Egypte. Et il ne lui est pas venu à l’esprit que ces tentations devaient rester sans effet parce que les Italiens avaient eu très vite le sentiment que, dans la crise européenne, le profit qui dure, joint à