68 LA GUERRE ET L ITALIE lui avait donné pour mari. Partout elle savait se faire aimer et partout se faire respecter. Napoléon 111, toujours désireux de se légitimer, avait, à côté des fins diplomatiques, désiré ce mariage comme un moyen de donner plus d’éclat aux Tuileries en y introduisant une princesse de sang royal. Il n'avait pas eu besoin que l’ambassadeur d’Autriche le dit avec impertinence pour savoir que sa Cour « manquait d’aristocratie ». La princesse Clotilde, fille d’un roi de Sardaigne et d'une archiduchesse d’Autriche, devait, dans l’idée de l’empereur, faire cesser la bouderie des cours étrangères. La princesse Clotilde ne l’ignorait pas. Et l’on connaît la réponse, si surprenante dans la bouche d’une femme de seize ans, qu’elle devait adresser à l’impératrice Eugénie. L’impératrice avait voulu donner quelques conseils de tenue à la jeune mariée dont elle prenait la réserve et la tristesse pour de l’embarras et de la timidité. C’est alors que la princesse Clotilde observa simplement : « Vous oubliez, madame, que je suis née à la cour ». L'Empire était tombé. Victor-Emmanuel II était entré à Rome. Ce furent, accroissant ses chagrins domestiques, de nouveaux sujets de douleur pour la princesse Clotilde. De sa vie, elle ne voulut reconnaître le fait accompli, la politique