-236 LA GUERRE ET L’ITALIE l’Autriche à la Serbie et que, par conséquent, l’Italie, laissant le gouvernement austro-hongrois libre d’agir à ses risques et périls, observerait la neutralité. Cette déclaration de l'ancien président du Conseil apportait un renfort à la thèse de M. Sa-landra. En même temps, elle accablait l’Autriche-Hongrie dont la préméditation se trouvait établie formellement. Mais peut-être la presse de la Triple-Entente étendit-elle alors les paroles de M. Giolitti dans un sens un peu différent de celui que cet homme d’Etat avait entendu leur donner. En lisant le compte rendu de la séance de Montecitorio, quelques observateurs avaient déjà conçu un doute. N’avait-on pas commis une légère méprise sur la véritable pensée de M. Giolitti ? Des témoins avaient remarqué l'insistance toute particulière avec laquelle l’orateur avait ajouté que le refus opposé par l’Italie à l’invitation de l’Autriche n’avait nullement troublé les relations amicales entre les deux puissances alliées. Dès lors, n'était-on pas autorisé à se demander si M. Giolitti n’avait pas voulu suggérer à la Chambre et à l’opinion publique cette idée que la Triplice, ayant survécu à l’incident de 1913, devait survivre également à la déclaration de neutralité de 1914?.C’est du moins l’hypothèse