286 LA GUERRE ET L'ITALIE cause sans réserve. 11 existe, sans doute (car rien ne pousse de profondes racines comme une idée), une importante fraction de l’opinion italienne sur qui les doctrines de la Révolution et du libéralisme français sont encore agissantes. La présence des garibaldiens en Argonne en a fourni la preuve. Le Secolo, par exemple, qui a tant fait pour l’intervention, a parlé le langage de l’idéalisme démocratique, celui de la plupart des journaux français. Et si cet élément n'a pas laissé de contribuer au mouvement qui a entraîné l'Italie dans la lutte, ce n’est pas lui pourtant qui aura été décisif. Les doctrines libérales traditionnelles ont été, depuis de longues années, dissociées par la critique italienne. Quant au public, il est amateur de ces discussions de philosophie politique et elles ont été vulgarisées à son usage. Nous nous souvenons môme d’avoir lu, il y a deux ans, dans un journal populaire, sous la signature imprévue de M. Luzzatti, une analyse des Droits de l’Homme où paraissait bien de l’ironie et que, chez nous, aucun homme politique, môme conservateur, n’eût osé signer par respect pour les idées reçues et les doctrines établies. L’Italie qui, dans cette guerre, aura travaillé pour elle-môme, risquera donc dé rester étrangère à certaines considérations théoriques ou