LA TRADITION NATIONALISTE 109 Nostradamus, en propos incohérents et sibyllins, en un amas d’images et de métaphores obscures, auxquelles on peut, avec de l’ingéniosité, découvrir tous les sens possibles. Gabriele d’An-nunzio se livrait à de justes et pénétrantes inductions lorsque, saluant l'avènement du nouveau prince, il l’avertissait, en termes élevés et graves, que ce règne devrait être occupé par de grandes choses ou qu’il ne serait pas. Humbert Ier venait d’être assassiné, et le prince de Naples était en croisière lorsque la nouvelle du crime qui le faisait roi lui fut annoncée. « 0 toi, jeune homme qui appelé par la mort es venu par la Mer, ô toi qui, élu par la Mort, as été fait roi sur la Mer... Le destin t’a choisi pour la grande entreprise audacieuse. Prends l’arc, allume les flambeaux, frappe, éclaire-nous, ô héros latin! Ouvre à notre courage les portes des futurs empires. » Et, tout de suite, venaient, comme une sorte de menace, ces vers où s’entrevoit le peuple romain de 1915, «en tumulte», attendant la parole royale qui devait délivrer la nation des traîtres et de l’étranger et mettre l’Italie sur la grande voie impériale : « Car, si la honte durait, quand l'heure sonnera, de près, •parmi les rebelles, tu verrais, au premier rang, celui qui aujourd’hui le salue. » Bien des Italiens, sensibles à la poésie et