QU1RINAL ET VATICAN 147 mande qu’elle l'a formé. Ainsi, sur l'un des sommets de la société italienne, dans un palais d’où rayonne une haute influence intellectuelle et morale, il y a eu, dès le mois d’août 1914, un signal de ralliement, il y a eu une orientation donnée. Lorsque l’on sait la multiplicité des causes dont les grands événements historiques dépendent, la manière dont se forment les grands courants nationaux, l’action et la réaction qu’exercent les uns sur les autres les sentiments des élites et les sentiments des foules, on se rend compte du rôle éminent qu’a joué le salon de la Reine mère dans la décision de l’Italie. Ce n’est pas qu’à aucun moment la reine Marguerite soit sortie de sa haute réserve ni qu’elle ait jamais cherché à faire pression sur personne. A ce point de vue, que l’on pourrait appeler constitutionnel, son attitude a été d’une discrétion et d'une dignité que le prince de Bülow n'avait pas comprises, lorsqu’il tentait de gagner à la cause allemande le palazzo Margherita lui-même. Et c’est précisément dans cette circonstance que la veuve d’Humbert Ier a prononcé cette fière parole : — Dans la maison de Savoie, on ne règne qu’un seul à la fois. Mot d’un sens particulièrement fort à l’heure où il a été dit, — l’heure où la décision suprême.